La CGT a participé à la 7ème Conférence Économique et Sociale de la Savoie  ce lundi 06/07/20.

Nous étions une fois de plus les seuls à défendre les intérêts des travailleurs et à alerter sur la catastrophe sociale en cours.

 En face, nous avons un Gouvernement qui distribue très généreusement l’argent de nos impôts et nos cotisations sociales pour les grands patrons : « un p’tit coup d’exonération  ? Vous reprendrez bien une remise de dette sociale ? On continue avec un chèque d’aide publique ? …»

La CGT est écœurée et révoltée par cette débauche d’argent public vers les plus riches au détriment des travailleurs.

Entre les élus politiques, le MEDEF, les présidents de certaines chambres patronales le tutoiement est de rigueur. L’assistanat aussi !!!

 La CGT a exigé un discernement entre les bénéficiaires (on pense aux artisans, aux TPE) et surtout un contrôle renforcé de l’utilisation des aides publiques ! Elles servent à quoi ? Lisons l’article de l’Huma ci-dessous !!!

Comble du cynisme quand la CGT demande le nombre de travailleurs victimes de la casse de l’assurance chômage, ils répondent par « une baisse de la hausse du nombre de chômeurs… »

 Si nous voulons la justice sociale, environnementale, fiscale, démocratique et sociétale, à nous les travailleurs d’aller la conquérir. La CGT prendra part activement dans toutes ses luttes.

Construisons une rentrée sociale enthousiaste, revendicative et combative. Ne la subissons pas.

Ci-dessous, un article du journal « L’Humanité ».

Un petit commentaire par rapport à cet article et à « l’Huma » : 13 millions de français « s’informent » grâce à BFM TV et la diffusion de l’Huma s’élève à 36 261 exemplaires. On peut comprendre qu’idéologiquement le néolibéralisme a de la marge…pensons à lire et à s’abonner à la presse alternative à « la pensée unique ».

SOCIAL-ECO

Chez Sanofi, Altice ou Nokia, la crise a bon dos

Pro­fi­ter de la pan­dé­mie pour an­non­cer des re­struc­tu­ra­tions : cette stra­té­gie uti­li­sée par de grands groupes bé­né­fi­ciaires fait craindre aux syn­di­cats le re­tour des li­cen­cie­ments bour­siers. Ils ap­pellent à une ri­poste po­li­tique.

Sur le front so­cial, le tsu­nami est at­tendu pour la ren­trée. Mais des mil­liers de sa­la­riés vont pas­ser l’été dans la tem­pête, bal­lot­tés au rythme des pre­mières re­struc­tu­ra­tions : pas une se­maine ne s’écoule sans une an­nonce de fer­me­ture de site ou de sup­pres­sions de postes. Toutes les en­tre­prises ne sont évi­dem­ment pas lo­gées à la même en­seigne. Cer­tains sec­teurs d’ac­ti­vité, à l’image du com­merce ou du trans­port aé­rien, sortent es­so­rés du confi­ne­ment, après trois mois d’ar­rêt forcé. D’autres, en re­vanche, ont passé la crise sans en­combre et en ont pro­fité pour gon­fler leurs marges. C’est le cas de Sa­nofi, dont les ventes de Do­li­prane ont ex­plosé en mars, et qui an­nonce pour­tant 1 700 sup­pres­sions de postes à tra­vers l’Eu­rope, dont un mil­lier dans l’Hexa­gone. C’est aussi le cas d’Al­tice, dont la branche mé­dias em­me­née par BFM TV ou RMC a vu ses au­diences grim­per en flèche à la fa­veur du confi­ne­ment, et qui s’ap­prête à sa­brer dans l’em­ploi. Ces en­tre­prises concentrent au­jour­d’hui les cri­tiques una­nimes des res­pon­sables syn­di­caux. « Il y a les en­tre­prises qui souffrent car il y a eu le Covid et il y a des en­tre­prises qui uti­lisent d’une cer­taine ma­nière cette pé­riode-là pour faire des plans so­ciaux qui sont in­ac­cep­tables »,a ainsi dé­claré Laurent Ber­ger. Le pa­tron de la CFDT vi­sait no­tam­ment le groupe de té­lé­coms Nokia, qui vient d’an­non­cer une nou­velle flo­pée de sup­pres­sions de postes. De son côté, Phi­lippe Mar­ti­nez, se­cré­taire gé­né­ral de la CGT, fus­tige le « re­tour des li­cen­cie­ments bour­siers » et ap­pelle l’État à in­ter­ve­nir.

Sanofi, 1 700 suppressions de postes malgré des profits record

Parmi les en­tre­prises ac­cu­sées de « li­cen­cie­ments bour­siers », Sa­nofi fait fi­gure de cas em­blé­ma­tique. Les sup­pres­sions de postes an­non­cées passent d’au­tant moins que le la­bo­ra­toire se porte comme un charme. Son chiffre d’af­faires a bondi de 7 % au pre­mier tri­mestre, cette hausse s’ex­pli­quant pour moi­tié par l’ef­fet co­ro­na­vi­rus. Les ventes de Do­li­prane ont no­tam­ment flambé de 20 %. Au total, les ventes de mé­di­ca­ments « grand pu­blic » at­teignent 1,3 mil­liard d’eu­ros sur la ­période, en hausse de 4,2 % : dif­fi­cile, dans ces condi­tions, de se pré­sen­ter en « vic­time » de la crise…

La di­rec­tion re­fuse d’ailleurs de par­ler de « plan so­cial », quitte à s’em­pê­trer dans des jus­ti­fi­ca­tions ha­sar­deuses : « Les me­sures que nous pré­sen­tons en France au­jour­d’hui ne sont pas un nou­veau plan so­cial, elles ré­sultent de choix stra­té­giques clairs à l’échelle du groupe qui re­placent la France au centre,jure Paul Hud­son, PDG du groupe.​Cela va se voir dans les pro­chains mois et les pro­chaines an­nées. » Les syn­di­cats ne sont pas convain­cus par la dé­mons­tra­tion. La CGT or­ga­nise un ras­sem­ble­ment de­vant l’As­sem­blée na­tio­nale, ce mer­credi, au­quel doivent par­ti­ci­per plu­sieurs par­le­men­taires.

Pour l’éco­no­miste Na­tha­lie Cou­ti­net, spé­cia­liste des firmes phar­ma­ceu­tiques, le plan de sup­pres­sions de postes marque une étape de plus dans la fi­nan­cia­ri­sa­tion du groupe : « Sa stra­té­gie est claire : dé­ve­lop­per des mé­di­ca­ments sur les niches les plus ren­tables, tout en com­pri­mant les coûts par­tout où il peut (2 mil­liards d’eu­ros doivent être éco­no­mi­sés). C’est pour cela qu’il a an­noncé son in­ten­tion de se “re­cen­trer” sur un nombre ré­duit de mo­lé­cules – une cen­taine seule­ment. Les trai­te­ments an­ti­can­cer se­ront évi­dem­ment pri­vi­lé­giés, car ce sont eux qui re­pré­sen­tentla plus grosse manne fi­nan­cière : les mar­chés connaissent une crois­sance conti­nue, et ces trai­te­ments sont gé­né­ra­le­ment rem­bour­sés par la Sécu. »

Le groupe a dis­tri­bué près de 4 mil­liards d’eu­ros de di­vi­dendes pour l’an­née 2019, et pour­rait bien re­voir l’en­ve­loppe à la hausse cette année.

Altice, tour de passe-passe comptable et indécence salariale

La mul­ti­na­tio­nale de Pa­trick Drahi qui re­groupe un pôle opé­ra­teurs avec, entre autres, SFR et un em­pire mé­dia­tique (BFM, RMC,l’Ex­press…) va plu­tôt bien. SFR a réa­lisé 3 mil­liards d’eu­ros de bé­né­fices en 2019. « Les bé­né­fices de Nex­tRa­dioTV sont en crois­sance constante et at­teignent 120 mil­lions d’eu­ros en 2019, soit +300 % en cinq ans »,pointe de son côté l’in­ter­syn­di­cale du pôle mé­dias du groupe. Et ja­mais les au­diences n’ont été aussi bonnes que pen­dant la crise sa­ni­taire. En mai, le groupe a to­ta­lisé 6,8 % de part d’au­dience et, cer­tains jours, 13 mil­lions de Fran­çais ont re­gardé BFM TV. Même le site In­ter­net de la chaîne a connu un bon de 37 % d’au­dience. Pour­tant, un sa­la­rié sur trois est me­nacé. La di­rec­tion en­tend faire un plan d’éco­no­mies dras­tique, que les syn­di­cats jugent d’une « vio­lence ex­trême »,pré­senté par mail à l’en­semble des tra­vailleurs fin mai.

Faire pas­ser ce plan de li­cen­cie­ment fi­nan­cier au­près des sa­la­riés – qui se sont mis en grève pen­dant plu­sieurs jours –, mais aussi au­près de la jus­tice ap­pa­raît com­plexe. D’au­tant que SFR et Nex­tRa­dioTV ont fait re­mon­ter 2,3 mil­liards d’eu­ros de di­vi­dendes à Al­tice Eu­rope, la hol­ding aux Pays-Bas, au titre de l’an­née 2019.

Pour le pré­sident du pôle mé­dias, Alain Weill, les né­go­cia­tions sont com­pli­quées. Com­ment jus­ti­fier les li­cen­cie­ments éco­no­miques pré­vus s’il n’y a pas 330 dé­parts vo­lon­taires de CDI, sans par­ler des pi­gistes et in­ter­mit­tents dont le nombre sera di­visé par deux ? D’au­tant que lui-même vient d’être fé­li­cité pour ses ré­sul­tats 2019 avec une ré­mu­né­ra­tion po­ten­tielle dé­pas­sant les 30 mil­lions d’eu­ros ! Son fixe s’élève en effet à 2,29 mil­lions d’eu­ros, aux­quels s’ajoutent un bonus de 1 mil­lion, ainsi qu’un in­té­res­se­ment en ac­tions, va­lo­ri­sées 27,49 mil­lions d’eu­ros au 31 dé­cembre 2019. Tous les ac­tion­naires mi­no­ri­taires ont voté contre, mais Drahi s’en moque, il dé­tient 75 % du ca­pi­tal.

Pour faire pas­ser au­près de la jus­tice ce plan de li­cen­cie­ment éco­no­mique au sein d’une fi­liale ren­table d’une mul­ti­na­tio­nale ren­table, le mil­liar­daire a pensé à un tour de passe-passe. Il a dans son es­car­celle une chaîne de té­lé­vi­sion luxem­bour­geoise lour­de­ment dé­fi­ci­taire. Il suf­fit de la faire ab­sor­ber, avec ses pertes, par Nex­tRa­dioTV, ce qui va plom­ber ar­ti­fi­ciel­le­ment le ré­sul­tat et de­vrait per­mettre, grâce aux or­don­nances Ma­cron, les li­cen­cie­ments mas­sifs aux yeux d’un tri­bu­nal.

Pour en­fon­cer le clou, comme autre jus­ti­fi­ca­tion de ce plan d’éco­no­mies, la di­rec­tion se plaint aussi de la hausse des loyers, de 35 à 40 % au mètre carré. Et Al­tice a signé un bail de douze ans avec le pro­prié­taire des lieux, un cer­tain Pa­trick Drahi. Il n’y a pas de pe­tits pro­fits.

Nokia, plus qu’un plan de licenciement boursier, une trahison

La di­rec­tion de Nokia est pas­sée ex­perte en « chaud-froid ». Ses équipes fran­çaises, des in­gé­nieurs qui planchent sur le futur des tech­no­lo­gies mo­biles : 5G et cy­ber­sé­cu­rité en tête, ont été am­ple­ment fé­li­ci­tées pour tout le tra­vail ac­com­pli pen­dant le confi­ne­ment. Ils n’ont pas compté leurs heures et ont per­mis à l’équi­pe­men­tier de té­lé­coms de rat­tra­per son re­tard sur le concur­rent Erics­son. Avec les bâ­tons dans les roues mis au lea­der du sec­teur, le chi­nois Hua­wei, les contrats ont com­mencé à af­fluer, y com­pris en France. Les équipes de Nokia France avaient rai­son d’être fières d’elles. Et puis, d’un coup, c’est la douche froide. Un plan de li­cen­cie­ment mas­sif de 1 233 em­plois est an­noncé, por­tant à 80 % sur les équipes de re­cherche et dé­ve­lop­pe­ment.

Pour la CGT, pas de doute, c’est un li­cen­cie­ment bour­sier. Le qua­trième en quatre ans. « Ils versent plus de di­vi­dendes qu’on ne gagne de bé­né­fices ! s’in­surge Claude Jos­se­rand, dé­lé­gué syn­di­cal central.​Ils veulent donc aug­men­ter les marges, et sup­priment des postes en France. Il n’y a au­cune rai­son éco­no­mique, c’est un plan de li­cen­cie­ment, et aussi de dé­lo­ca­li­sa­tion en Inde et en ­Pologne, pu­re­ment fi­nan­cier, même si la di­rec­tion ne l’ap­pelle pas comme ça. » Son ho­mo­logue Fré­dé­ric Aus­se­dat, DSC CFE-CGC, émet une ré­serve : « On ne peut pas vrai­ment par­ler de li­cen­cie­ment bour­sier, puisque ce n’est pas la di­rec­tion de la mul­ti­na­tio­nale qui veut aug­men­ter les cours de l’ac­tion en B.​ourse. Mais bon, cela reste pour ver­ser plus de di­vi­dendes. Et Nokia s’at­taque spé­ci­fi­que­ment à la France ici. »

Voilà un point qui passe par­ti­cu­liè­re­ment mal. L’es­sen­tiel des sa­la­riés fran­çais du groupe tra­vaillaient au­pa­ra­vant chez Al­ca­tel-Lucent. C’est Em­ma­nuel Ma­cron, alors mi­nistre de l’Éco­no­mie, qui avait, en 2015, va­lidé le ra­chat du fleu­ron fran­çais par la mul­ti­na­tio­nale fin­lan­daise. En contre­par­tie, Nokia s’en­ga­geait à pré­ser­ver l’em­ploi sur le ter­ri­toire et même à y dé­ve­lop­per l’ac­ti­vité re­cherche et dé­ve­lop­pe­ment. Si trois plans de li­cen­cie­ment avaient tout de même de­puis frappé les an­ciens d’Al­ca­tel, 700 in­gé­nieurs avaient été re­cru­tés pour dé­ve­lop­per les tech­no­lo­gies de de­main. Ce qui a per­mis à Nokia de tou­cher 280 mil­lions d’eu­ros de cré­dit impôt re­cherche… « Et vu les cri­tères des plans so­ciaux, ce sont ces 700 jeunes em­bau­chés qui se­ront les pre­miers visés,se dé­sole Claude Josserand.​La di­rec­tion ne se sent plus tenue par ses en­ga­ge­ments, alors elle fait du Nokia : elle dé­lo­ca­lise et op­ti­mise ses marges. » C’est donc lo­gi­que­ment que l’in­ter­syn­di­cale en ap­pelle à l’exé­cu­tif pour contraindre Nokia à res­pec­ter ses en­ga­ge­ments. « Il y a des moyens de pres­sion, comme d’exi­ger le rem­bour­se­ment des aides pu­bliques si le plan est main­tenu,ex­plique Fré­dé­ric Aus­se­dat.D’autres pays font ce genre de chan­tage. Mais nous avons un gou­ver­ne­ment néo­li­be­ral non in­ter­ven­tion­niste, qui nous dit “on ne peut rien faire que sug­gé­rer’’, c’est déses­pé­rant. »

Pour les syn­di­cats, Nokia France – en tout cas, le site bre­ton de La­nion – vit là ses der­niers mois si ce plan n’est pas stoppé. « Cela ne nous dé­range pas de faire du chan­tage au contrat pour qu’on soit en­ten­dus. Aller voir les opé­ra­teurs, le Grand Paris avec qui Nokia a un par­te­na­riat pour les JO, et leur dire la vé­rité sur l’en­tre­prise. Ils nous ont tra­his ! » lance le dé­lé­gué CFE-CGC.

par  Cy­prien Bo­ganda , Pier­ric Ma­ris­sal ,

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